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Au coeur du Sénégal ... Le Fouta

23 novembre 2012

* Le Voyage de Brigitte * Après quelques échanges

 

* Le Voyage de Brigitte *

 

 

Voyage au Fuuta

 

 

Après quelques échanges par mail avec Brigitte sur un forum de voyage, elle est parti en Octobre 2012 dans la Région du Fouta au Sénégal. Elle nous livre son expérience de voyage et quelques photos de son séjour. Merci du partage !

 

" Après avoir fait la croisière, plutôt que de retourner à St-Louis, je suis restée à Podor pour continuer seule vers l'Est et faire la boucle, avec un détour au Sénégal oriental.

J’ai donc traversé cette région oubliée des touristes et j’ai apprécié la tranquillité qui s’en dégage. Je n’ai jamais vu un seul touriste et j’ai pu acheter mes bananes et mes cacahuètes sans me faire importuner comme dans certaines régions. Ici pas d’artisanat, ni de Hé, toubab! Juste des gens curieux qui se demandent qu’est ce que vous faites là, et qui croient qui vous êtes fou ou égaré! Mais quand ils savent que vous avez sciemment décidé de traverser leur région délaissée et inhospitalière, ils sont honorés et vous considèrent avec sympathie. En contrepartie, l’hébergement est plus limité.

 

 

Les quais de Podor

Les Quais de Podor



Podor est une ville ancienne et charmante avec son quai, son vieux fort et la très belle auberge du Tekrour (Maison Georges de Foy). C’est le lieu idéal pour observer les allées et venues des piroguiers vers la Mauritanie et écouter les oiseaux dans la cour intérieure. Comme les gens sont très hospitaliers, on m’a invitée à fêter la Tabaski, à assister au sacrifice du mouton et une fois cuit, on commence par manger le foie, puis le reste tous assis par terre autour d’un grand plateau. Ensuite, le thé à la menthe.

 

 

Croisière sur le Fleuve Sénégal

Le fameux bâteau "Bou El Mogdad", croisière touristique entre Saint Louis et Podor



La période de Tabaski n’est pas l’idéale pour voyager. J’ai du faire de l’auto-stop (1h 30 d’attente) pour aller jusqu’à Taredji sur la N2 dans une boîte de camion, puis par le même moyen jusqu’à Gamadji Sare, le petit village juste avant Ndioum, pour avoir un lit pour la nuit au Jardin du Fouta. L’établissement était fermé mais étant sans téléphone, ni véhicule, les propriétaires sont très compréhensifs et m’ont ouvert.

 

 

Les Jardins du Fouta à Ndioum

L'Auberge "Les Jardins du Fouta" à Ndioum



En prenant un grand car à Ndioum, on se rend facilement à Ourossogui. Si en plus vous tenez un bébé dans les bras (pour aider une mère débordée) vous êtes sûr d’avoir des gens qui vous parlent et qui sont curieux!

Les paysages sont arides mais après la saison des pluies, il y a ce beau vert pâle qui égaye les champs et ces petits épineux vert foncé qui font contraste. Mais le sable est omniprésent, oui.

 

 

Sur les bords du Fleuve

Sur les bords du Grand Fleuve Sénégal



Il est possible de se rendre à Matam plutôt que de dormir à l’Oasis du Fouta qui était vraiment sale lors de mon passage ou alors vérifier avant. La Résidence du Fleuve de Matam est bien. Sommaire mais propre.
Matam a sombré dans l’oubli et la déprime il me semble. C’est vrai que cette ville est éloignée de la route et qu’il n’y a pas de bateau Bou El Mogdad qui s’arrête pour ranimer cette ville. Cela transparait sur les habitants.

Bakel est apparemment une jolie ville, mais en prenant un 7 places pour Tambacounda, le transfert s’effectue à Kidira, et il n'y a pas de passage par Bakel, ce que je ne savais pas. Mais j’ai eu droit aux discussions enflammées et hautement politisées dans le 7 places jusqu’à Kidira.

 

 

Dans la concession du Foutanké

La concession du Foutanké !



Vers Kidira le relief change un peu. Passage obligé vers le Mali, on sent l’atmosphère intrigante de cette ville de commerce.

Cette région est très chaude, mais je crois que c’était plus facile à supporter qu’à Tambacounda.

Pour terminer, cette région est belle et mérite que plus de gens la découvre, surtout si on a un véhicule pour plus d’autonomie et pouvoir sortir de la route nationale. "

 

Brigitte - Novembre 2012

 

 

Sunugal, notre pirogue

Sunugal, "notre pirogue"

 

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2 septembre 2012

* Les Noms Patronymiques * Nous publions ici

 

* Les Noms Patronymiques *

 

Nous publions ici l'énorme travail de Monsieur Oumar BA concernant les Noms patronymiques chez les Haal Pulaar.

N'hésitez pas à aggrandir les images pour pouvoir y trouver votre Nom de Famille.

 

Noms patronymiques

 

Noms patronymiques 2

 

 

 

2 septembre 2012

* Le Nom Patronymique dit de clan * Fort souvent,

 

* Le Nom Patronymique dit de clan *

 

Fort souvent, le clan se reconnaît par le Yettodé. Ainsi sur Bassoum, Bokoum, Daf, Ndjim, Kâm, Ndiandé, Niane, Sam, Late, seul s'y trompe le profane. Ce sont les Diawambé.

Donc certaines castes, sans contredit, ont leur diettodié (pluriel de Yettodé) exclusifs, à savoir :

 

Le Nom patronymique - Oumar Ba

 

2 septembre 2012

* Jours de la Semaine * Excepté mardi, Talata,

 

* Jours de la Semaine *

 

Excepté mardi, Talata, jour néfaste entre tous, les autres jours de la semaine entrent en jeu dans ce système nominal. Des Alette (dimanche), des Altiné (lundi), des Alarba (mercredi), des Alkhamisse (jeudi), des Aldiouma (vendredi) et des Asette (samedi) abondent en ce Fouta occidental. Sans distinction de sexe.

Le mois de Ramadan et le dernier mois de l'année, Harane, reviennent souvent, pour les deux genres.

Une tradition dite Coranique fait correspondre à chaque jour de la semaine un certain nombre de noms.

 

Prénoms en fonction du jour de la Semaine

 

 

2 septembre 2012

* Les Titres ou Exceptions * Il est d'autres

 

* Les Titres ou Exceptions *

 

Il est d'autres prénoms immuablement placés avant le prénom usuel ; ce sont les titres honorifiques, en principe conquis, à la sueur (savoir, pèlerinage à la Mecque, gloire militaire) ou par la naissance (héritage, etc.), qui vont d'Almamy, Satigui à Diagodine (Doyen des esclaves). En souvenir d'un aïeul réputé, d'un personnage, le nouveau-né sans bourse délier, pieds joints, sera appelé: El Hadji (le pélerin), Tierno (Docteur ès droit Coranique), etc.

Pour le rejeton d'un Almamy, nul ne songera à un prénom de "caste". Hormis le cas d'enfant unique ou de survivant de plusieurs enfants. 

 

 

Titres ou exceptions

 

 

 

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2 septembre 2012

* Prénoms particuliers à certaines familles *

* Prénoms particuliers à certaines familles *

 

Documents extraits du livre de

Monsieur Oumar Ba " Le Fouta Toro, au carrefour des cultures "

 

Dans la perpétuation du souvenir d'un ancêtre, soulignons avec l'éminent Gaden, les mêmes prénoms abondent dans certaines familles prééminentes. Ils constituent, dirions-nous, leur marque. ainsi Ibra, Birane, Abdoul Aziz appartiennent aux Wane ; Kâne aux Kane de M'bolo Birane, Soulé, Tenguella, Boli, Diyé rappelleraient la dynastie des Dényancobé.

C'est, fait rare du reste, un grand honneur que les nobles font parfois aux serfs que de prendre leur nom.

 

Prénoms particuliers à certaines familles - Oumar Ba

 

 

2 septembre 2012

* Du Nom au Fouta Toro * Par Oumar Ba « Le Fouta

 

* Du Nom au Fouta Toro *

 

Par Oumar Ba

« Le Fouta Toro, au carrefour des cultures » 

 

Sénégal 029

 

« Ceux qui sont morts ne sont jamais partis.

Nos morts ne sont pas morts »

(Birago Diop) 

 

Tout comme les Kényan, « nous croyons au pouvoir des morts. De la tombe, ils contrôlent et guident notre existence, nos activités. De là, le souci de perpétuer leur souvenir jusque dans les noms. La vie, n’est-ce pas l’affrontement avec le destin ». On s’accapare même « pieusement », du titre des ancêtres. D’où l’explication de ces attributs « ronflants ». Et aussi cette multiple et déroutante homonymie, signe manifeste, à n’en pas douter, de gratitude.

Fourré voisin, rivière, butte sacrée, jours, semaine, invasions de criquets, éclipse de lune ou de soleil, jeûne, cérémonie, passage d’un administrateur, d’un gouverneur doré, conflits mondiaux, consultations électorales, mort d’un doctrinaire, retour d’exil, tentative de soulèvement, rien ne fera défaut à cette imposition de nom. Corrigeons : de prénom. Toute occasion prise au vol s’éternise, le parrainage aidant. Car même nos simples d’esprit par le jeu de l’homonymie vivent, assurément invisible. De là cette généalogie à toute prendre fastidieuse : « Diouldo fils de Mamoudou fils de Diouldo fils de Saada fils de Déva fils de Diouldo fils de Mamoudou fils de Hamat fils de Diouldo fils de M … ».

Chacun dans la chaîne conscient de sa dette sans conteste pense à son géniteur. Sans faille, indiscutablement. 

 

  • Double prénom et Rang

 

De fait, tout natif de ce Fouta Toro jouit au moins de deux noms (prénoms en vérité) ou indé (de indou en Pulaar, le sein) :

-         Coranique (en fonction des jours de naissance)

-         Imposé soit par ta famille pour la « perpétuation du souvenir d’un ancêtre, d’un ami ou d’un proche ». Simultanément ce nom peut désigner bien souvent le rang de naissance, à savoir : 

Pour le garçon : 

1)     Hammadi,

2)     Samba,

3)     Demba,

4)     Yéro,

5)     Paté

 

Pour la fille : 

1)     Mali

2)     Coumba

3)     Peinda

4)     Tacko

5)     Dâdo

  

  •  Surnom 

Faut-il le noter, tout prénom, coranique ou païen, possède son surnom mystique, à sens affectueux ou péjoratif. Soit :

Boubacar :  Aboubakri Sidiki

                  Bokar

                  Abou

                  Bocaroye (Bokar chéri)

                  Bokarel (infime ou mignon)

                  Bokaral (grossier Bokar)

 Ainsi le préfixe oye introduit l’affection ; el, la petitesse et al, la difformité.

 

  •  Symbolisme

 

Le prénom est parfois descriptif (yava, leste), emprunté à la flore (bohel, l’insignifiant baobab), à la faune (bodiel, levraut), à la légende ou au mythe (Manna), à la topographie (Dieri-Mont) ou encore au caractère des habitants, Bosséadio (Rusé).

 

13 juin 2012

G.I.E Samba Compagnie

 

Le G.I.E Samba Compagnie

Dialiba et Frères

A Dembankané

 

(Soutenu par Studio Graph)

 

GIE_Samba_Compagnie___Dembakan_

 

En deux Mots :

Vivre et travailler au pays, pour beaucoup d'Africains, c'est une réalité inaccessible. Véronique Roure, Luc Blanchard et Samba Dialiba  ont fait le projet de créer une entreprise dans le village de Dembancané, à 800 km à l'est de Dakar, sur le fleuve Sénégal. Le Groupement d'intérêt économique (GIE) SAMBA COMPAGNIE est maintenant en place.

 

La Genèse du Projet :

« J'ai rencontré Samba Dialiba lors d'un parrainage de sans-papiers à Nanterre, dans les Hauts-de-Seine. C'était en 2008, il galérait depuis déjà un an sur le sol français. Ensemble, nous avons tenté, sans succès, de faire reconnaître sa nationalité française (son père, décédé, avait la nationalité française)...

Par la suite, avec Véronique, ma compagne, nous sommes partis dans son village du Fouta Toro , à 800 km à l'est de Dakar, sur le fleuve Sénégal. Nous avons vécu avec sa famille, ses amis, et noué des liens avec tous.

Pour permettre à Samba de rentrer au pays, et à ses frères de ne pas partir, il fallait créer une activité économique chez eux, dans le village de Dembancané.
La réflexion sur ce qu'il est possible d'entreprendre aujourd'hui au Sénégal a pris un an. Finalement, nous avons décidé de créer une entreprise dans le domaine des technologies de l'information et de la communication. Cela peut paraître paradoxal dans un village de brousse où tout le monde n'a pas l'eau courante. Pourtant, il y a la TV, les téléphones portables et Internet. La communication est peut-être plus vitale au village qu'ailleurs. Toutes les familles ont un frère, un fils, un cousin... parti quelque part au loin, à Dakar ou à Paris.

Nous avons donc créé un Groupement d’intérêt économique (GIE), loué un local dans le centre du village, et nous sommes prêts à tenter l'aventure.

Samba est trésorier du GIE SAMBA COMPAGNIE, un de ses frères, au village, a pris la présidence.

Dans quelques semaines, Samba repartira, la tête haute, parce qu'un travail l'attend au village.

Soutenu par la mairie de Dembancané et épaulé par l'Agence régionale de développement de Matam, la capitale régionale, le GIE est en train d'aménager le local en boutique.

On y vendra des télévisions, des services bureautiques, des photocopies... tout en préparant l'étape suivante de notre projet : la mise en place d'un cybercafé et, avec la mairie, d'un réseau de télédistribution par câble.

Nous n'en sommes pas là, il faut d'abord que la boutique marche, que nous prenions la mesure des besoins et trouvions les moyens de les satisfaire. Cela prendra plusieurs mois, pendant lesquels nous aurons grand besoin de soutiens. Notre entreprise, Studio graph, prête l'argent nécessaire aux travaux d'aménagement et à l'achat du matériel. Reste à financer les salaires de deux personnes durant les six premiers mois, soit 1 250 euros.

Je me propose de recueillir ces fonds sur un compte dédié au GIE.

Luc Blanchard
le 24 avril 2012  »

 

Boutique_Samba_Compagnie_Dembakan_

 

Samba Compagnie :

Sur le fleuve Sénégal, à 800 km à l'est de Dakar, Dembancané est un village de brousse. Un gros village qui vit de l'agriculture, de la pêche et des fonds envoyés par les migrants, qui sont nombreux.

Tout isolé qu'il soit, le village n'en est pas moins connecté au monde, par la télévision, le téléphone et même par Internet. Ce lien revêt d'autant plus d'importance que chaque famille compte plusieurs membres qui vivent à Dakar ou à l'étranger.
Dans ce contexte, les besoins liés aux technologies de l'information et de la communication sont très importants et très mal pris en charge. Il n'existe pas, comme dans d'autres villages, de télécentre polyvalent susceptible de proposer des services bureautiques, des photocopies, des ordinateurs connectés à Internet... De la même manière, s'il existe un embryon de réseau de télévision par câble, faute d'avoir trouvé un cadre légal, le câblodistributeur est sur le point de déménager son activité dans un autre village.

STUDIO GRAPH souhaite apporter sa contribution au développement des pays du Sud. Nous avons établi des relations de confiance avec plusieurs membres de la communauté villageoise de Dembancané et avons décidé de les accompagner dans la création d'une entreprise pérenne.
Avec l'aide de l'Agence régionale de développement de Matam (capitale régionale) et les encouragements de la mairie de Dembancané, nous avons participé à la création d'un Groupement d’intérêt économique, le GIE SAMBA COMPAGNIE. Son objectif est, à terme, de créer le télécentre polyvalent et le réseau câblé pérenne qui font défaut au village.

 

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12 Mai 2012

 

Inauguration

de la boutique

 

 

 

 

  

Dans la boutique, repeinte de frais, le matériel acheté à Dakar est mis en valeur.Télévisions, lecteurs DVD et petit matériel informatique sont destinés à la vente. Ordinateurs, scaners et imprimantes sont dédiés aux services bureautiques et au cybercafé. Reste à organiser l'accès à ces nouveaux moyens de communication, à mettre en place les outils de gestion, indispenssables pour rompre avec l'économie informelle ...

 

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Le Comité de Gestion du GIE Samba Compagnie

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Adama Dialiba, président / Issa Cissoko, vice-président / Lassana Traoré, trésorier / Mamadou (Samba) Dialiba, trésorier adjoint / Djibi Dialiba, secrétaire général.

 

Aidez-Nous à réussir en faisant un don !

 

A quoi servira mon don ?

Les fonds serviront à payer deux salaires pendant six mois, afin d'assurer le démarrage du GIE SAMBA COMPAGNIE.

Pour un salaire net mensuel de 50 000 francs CFA (80 euros) il faut provisionner 530 285 F de salaire brut et ajouter 8 739 F de cotisations sociales (Ipres, caisse de sécurité sociale).

Il nous faut donc réunir 1 250 euros.

 

Pour suivre l'avancée du projet et faire un don

http://www.studiograph.net/sg_samba_notes.htm

Pour voir quelques photos de Dembankané

http://luc.blanchard.free.fr/Dembakane/album/

 

 

8 août 2011

Dendiraagu - Parenté à libre parler

 

* Dendiraagu - Parenté à libre parler *

 

Au demeurant le nom ne s'arrête pas à la simple identification. Tout au contraire. Il sert de mortier entre individus, groupes et même davantage; des provinces ou des régions entières.

Il préconise à la fois une parenté hiérarchisée, qui loin d'affaiblir l'esprit communautaire, la consolide. Outre l'entraide il enseigne l'humour, à fortiori l'esprit de palabre. Dans ce système, il y a généralement l'aîné (Seigneur) et le cadet (Vassal). Bien sur, malgré ces plaisanteries et ces injures admises de bon coeur, ils ne doivent en aucun cas se faire de tort. Aux cérémonies (fêtes religieuses, mariages, circoncisions, retour de voyage) la générosité du Seigneur doit se manifester. C'est le N'goundji (étrennes) que l'on réclame à tout âge.

 

 Parenté                      Parenté 1

 

 Par Oumar BA " Le Fouta Toro, au carrefour des cultures "

 

7 août 2011

* Sérère / Pulaar * La parenté à plaisanterie Le

 

* Sérère / Pulaar *

 

La parenté à plaisanterie

 

S_r_re

 

Le Peul dit :

« La vache est supérieure par les services qu’elle rend à toutes les œuvres de la création. La vache est magique, plus magique que les fées ! Elle apparaît, le désert refleurit. Elle mugit, le reg s’adoucit. Elle s’ébroue, la caverne s’illumine. Elle nourrit, elle protège, elle guide. Elle trace le chemin. Elle ouvre les portes du destin. »

Le Peul dit :

 

« Dieu à l’univers tout entier, le Peul a des vaches,

La savane a des éléphants, le Peul a des vaches,

La falaise a des singes, le Peul a des vaches,

La lande a des biches, le Peul a des vaches,

La mer a des vagues, le Peul a des vaches … »

 

C’est toi, Peul, qui le dis, moi, je ne fais que répéter. Tu as le droit de délirer, personne n’est tenu de te croire, infâme vagabond, voleur de royaumes et de poules ! Soit ! nous sommes cousins puisque les légendes le disent. Du même sang peut-être, de la même étoffe, non ! Toi, l’ignoble berger, moi le noble Sérère ! A toi les sinistres pastourelles et les déplorables églogues ; à moi, les hymnes virils des chasseurs. A toi l’écuelle à traire et la corde aux neufs nœuds ; à moi, la houe du semeur de mil. A toi la calebasse de lait, à moi la gourde de vin de palme … Les ancêtres nous ont donné tous les droits, sauf le droit à la guerre. Nous pouvons chahuter à loisir et vomir les injures qui nous plaisent. Entre nous, toutes les grossièretés sont permises. Au village, ils ont un mot pour ça : la parenté à plaisanteries. Alors ôte de me vue tes misérables hardes et tes oreilles de pipistrelle ! Je ne te dirais rien. Passe ton chemin, petit Peul, adresse toi à un autre, singe malingre et rouge ! Ressuscite les scribes si tu veux savoir, invoque les mânes de tes aïeux ! Ton Histoire est une histoire de bœufs. Comment veux-tu que je m’y retrouve ? L’Homme occupe le centre de tout pour les gens normaux. Pour toi, l’idiot, la vache est l’astre qui éclaire le monde. Ta mère nourricière ? La vache. Ton Histoire ? Ses empreintes. Ton pays ? Les terres qu’elle foule. Pour elle, tu écumes le désert et la brousse. Pour elle, tu te résignes ou tues. Le glaive et la poudre, c’est pour soumettre les royaumes et amasser fortune. Mais toi, quand tu lèves les armes, c’est pour un tas de foin, quelques arpents d’herbage.

 

Le Sérère a raison :

 

« Si tu veux trouver le Peul, cherche du côté du fumier ! » …

 

Disparais de ma vue, pâtre nauséabond ! Ton itinéraire ? Un horrible brouillamini. Ta vie ? Rien qu’un sac de nœuds. J’ai beau me creuser la tête, je ne vois pas par où commencer. Sa-saye, vagabond ! Ligoter un courant d’air serait plus aisé que de raconter ton Histoire. Tu erres depuis l’époque d’Horus, sans bagages, sans repères, sans autre boussole que le sabot qui piétine sous tes yeux. Tu campes et tu décampes au rythme des saisons, au gré de tes délires, comme si une bestiole te rongeait la cervelle, comme si tu avais le feu au cul.

 

Qui es-tu ? D’où viens-tu ? Quand ta peuplade de vachers a-t-elle jaillit du néant pour s’échouer sur les berges du Sénégal ? Au VIè, au VIIè, au VIIIè siècle ? Bien malin celui qui pourrait le dire !

Il reste qu’on ne s’attendait pas à ce que tu  t’éternises par là.



Tierno MONENEMBO « Peuls » - Editions Points



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